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Une initiative de Bruxelles Environnement

Finance et écogestion : penser les impacts indirects de votre entreprise

Article publié le 21-06-2023

L’argent n’a pas d’odeur… Vraiment ? Le poste des finances, souvent sous-estimé, pèse pourtant lourd dans le bilan environnemental des entreprises.

Reconnaissant l’importance de la finance dans l’écogestion des organisations, le Label vient d’ajouter une section y étant dédiée dans son référentiel. Petit tour d’horizon de la problématique, et des solutions à votre disposition, avec Marek Hudon, professeur à la Solvay Brussels School of Economics and Management et co-directeur du Centre d’Etudes Economiques et Sociales de l’Environnement (CEESE) !

L’impact caché de vos finances

Ce n’est pas un secret : lorsque vous placez les capitaux de votre entreprise au sein d’une institution financière, cette dernière utilisera le solde de votre compte pour investir dans divers projets ou industries. Votre argent finance donc, indirectement, de petites ou grandes entreprises dans le monde entier, sans que vous n’ayez forcément conscience du type d’activité soutenue.

« Le problème, aujourd’hui, est que le financement se tourne encore trop vers des activités problématiques d’un point de vue environnemental ou social, comme les énergies fossiles. Il y a donc une nécessité de rediriger ces produits financiers vers des activités qui sont en ligne avec les limites planétaires et les droits sociaux les plus fondamentaux. », explique Marek Hudon.

Considérée comme enjeu crucial pour l’avenir de nos sociétés, la finance est de plus en plus régulée par la Commission Européenne. De nouvelles régulations permettront bientôt d’avoir plus de transparence sur les impacts sociétaux des entreprises, en ce compris celles actives dans le secteur financier, et encadreront mieux les notions de finance durable et d’activités vertes. Elles permettront notamment d’y voir plus clair parmi les offres d’institutions bancaires dites durables, en qualifiant l’engagement réel de chacune selon 3 niveaux.

 

La finance durable

« Par définition, la finance durable se différencie de la finance traditionnelle par le type d’activité économique ou le type d’entreprise qu’elle va financer. », indique Marek Hudon.

Les critères sociaux et environnementaux qualifiant les activités financées peuvent être regroupées dans 3 familles :

  • exclusion des secteurs controversés (tabac, armement, nucléaire, énergies fossiles);
  • les investissements ESG (basés sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance);
  • les investissements à impact positif pour la société.

Deux types d’engagements vers la finance durable peuvent être retrouvées sur le marché :  soit l’organisation bancaire ou financière possède des activités en ligne avec les objectifs de durabilité, mais possède également un portefeuille d’autres activités qui ne le sont pas, soit elle est, fondamentalement, entièrement tournée vers le financement durable.

« Que ce soit en Belgique ou à l’étranger, on a pas mal de petites structures qui seront dédiées à ces questions-là. », ajoute de professeur de Solvay. « Il est compliqué d’être parfait, parfois il est même compliqué de mixer plusieurs paramètres de durabilité, mais il y a des acteurs très engagés ».

 

Le rôle des entreprises dans la problématique

En tant que clients et sources de fonds des institutions bancaires, les entreprises peuvent jouer un rôle important dans la transition de la finance, tant sur la contribution à l’émergence de solutions, biens et services qui ont un impact positif sur l’environnement, que sur le mécanisme financier global.

« En redirigeant ses finances vers des projets qui sont plus alignés avec les limites planétaires, on va avoir un impact significatif. S’il devient beaucoup plus cher pour les projets néfastes pour l’environnement ou le social pour se financer, ils seront moins intéressants, moins rentables, et les acteurs économiques traditionnels vont se tourner d’autant plus vite vers des projets alignés par rapport à ces objectifs. Si, dans la lignée, les projets les plus vertueux en termes d’ODD sont financés à des taux préférentiels, ils vont devenir d’autant plus attractifs. Cette question du financement est donc vraiment cruciale. », indique Marek Hudon.

Pour agir sur la problématique, le référentiel du Label Ecodyn propose plusieurs pistes d’action aux entreprises :

  1. Choisir un organisme bancaire durable pour au moins un des comptes courants comptes à vues
  2. Choisir des produits d’investissements et fonds financiers durables (fonds d’investissement et fonds de pension, assurance-groupe)
  3. Investir dans une coopérative à finalité environnementale et à impact environnemental positif
  4. Effectuer des dons et mécénat à caractère environnemental

 

Changer d’institution bancaire… par où commencer ?

Mettre un terme à une relation de longue date avec une institution bancaire, poids des habitudes, choix parfois compliqué d’un autre établissement… Les freins et obstacles peuvent se montrer nombreux pour les entreprises souhaitant opérer un tournant dans leurs finances.

Pour se lancer, Marek Hudon conseille de « regarder des proches ou des entreprises similaires avec qui vous avez des contacts privilégiés, pour voir comment elles fonctionnent ou ont fait leurs choix, selon leurs particularités sectorielles (besoin de beaucoup de crédit en trésorerie, questions de prêts à long terme, etc.). Cela va permettre de comprendre, parmi les acteurs financiers, lesquels sont les plus intéressants en fonction de vos besoins. Il ne faut pas non plus hésiter à questionner les institutions financières, qui ont de plus en plus d’informations à partager. »

 Quant aux réticences de certains sur la stabilité des produits financiers durables, l’économiste répond : « Il y a certains acteurs financiers durables qui sont installés depuis plusieurs dizaines d’années, donc ils ont déjà pu faire leurs preuves sur certains produits ou services. Il y a des fonds socialement responsables qui fonctionnent très bien, des produits d’épargne qui fonctionnent très bien aussi… Il faut bien se renseigner en amont, mais ces produits ne sont pas forcément moins stables que les autres ».

 


 

Vous avez déjà opéré la transition de vos finances ? Faites reconnaitre officiellement votre engagement avec le Label Entreprise Ecodynamique !

Ce n’est pas votre cas mais vous souhaiteriez vous lancer ? Ouvrez un dossier sur la platforme du Label et suivez le guide !

Vous voudriez en apprendre plus sur la finance durable ? Le Professeur Marek Hudon est également co-promoteur de la masterclass SuFi, de l’ICHEC, ULB et UNAMUR sur la finance durable (durée : six après-midi). Pour plus d’infos, visitez https://www.sufi-masterclass.be/